Le Diuron est un herbicide appartenant à la famille des halogénophénylurée. Un test de toxicité basé sur l’inhibition de la bioluminescence d’une bactérie marineVibrio fischeri, comme indicateur de toxicité a montré que les produits de bio- ou photo-transformation sont plus toxiques que le Diuron lui-même. Tous ces composés sont des molécules très lipophiles et une membrane cellulaire riche en lipides comme celle du spermatozoïde pourrait être une cible privilégiée pour leur interaction avec la cellule. Des études sont en cours dans notre laboratoire afin d’évaluer les effetsin vitro du Diuron et de l’un de ses produits de transformation, la 3,4-dichloroaniline (3,4-DCA) (obtenu par élimination de la fonction urée) sur les propriétés structurales et fonctionnelles du spermatozoïde humain. Les études sont réalisées sur des spermatozoïdes provenant de spermes normaux (critères de l’OMS), purifiés sur gradient discontinu de Percoll. Trois millions de spermatozoïdes/ml sont incubés dans un milieu synthétique de Earle dépourvu de rouge de phénol, supplémenté par 7,5% de sérum humain décomplémenté pendant 24 heures, à température ambiante, en présence de Diuron ou de 3,4-DCA (0,1; 1; 5 mM) dans un volume final de 250 μl. Nos premiers résultats mettent en évidence une diminution de la vitalité et de la mobilité des spermatozoïdes après 24 heures d’incubation en présence de 5 mM de Diuron. L’anisotropie (inversement proportionnelle à la fluidité membranaire) mesurée par polarisation de fluorescence en utilisant une sonde lipophile, le 1,6-Diphényl-1,3,5-Hexatriène est aussi diminuée. La 3,4-DCA entraîne des effets plus rapides et plus marqués que le Diuron. Tous les spermatozoïdes sont “morts” après 30 minutes ou 24 heures d’incubation, en présence respectivement de 5 mM et 1 mM de 3,4-DCA. Aux concentrations utilisées, ces molécules s’avèrent plus toxiques pour le spermatozoïde et cet effet semblerait être lié à une atteinte membranaire. Cette étude préliminaire suggère que des tests puissent être développés à partir des spermatozoïdes humains pour évaluer la toxicité de certains pesticides.